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Avant et après la gestion de l’offre : un système qui profite à tous 


« Quand je pense à comment les choses étaient avant la gestion de l’offre, jamais je n’aurais pu imaginer que le système deviendrait ce qu’il est aujourd’hui. Il a dépassé toutes nos attentes », déclare Harold Froese, un producteur d’œufs de troisième génération d’Oak Bluff, au Manitoba. 

La gestion de l’offre est un système exploité par les producteurs canadiens qui régit la production de produits laitiers, de volaille et d’œufs. Ce système permet aux producteurs de l’ensemble du pays d’unir leurs efforts pour répondre à la demande nationale de produits canadiens frais, locaux et de haute qualité. En retour, les producteurs reçoivent un juste revenu. L’histoire de la production d’œufs au Canada se divise en deux périodes distinctes : avant et après la gestion de l’offre. La mise en place de ce système dans les années 1970 a marqué un tournant, tant pour les consommateurs que pour les producteurs. 

Comme Harold a connu ces deux époques, nous nous sommes entretenus avec lui pour avoir son avis sur la question. Poursuivez la lecture pour découvrir à travers son regard les différences marquantes qui caractérisent ces deux périodes de l’histoire. 

Hier et aujourd’hui : L’image ci-dessus montre une exploitation ovocole de la Nouvelle-Écosse avant l’ère de la gestion de l’offre (vers les années 1960), et une exploitation ovocole d’aujourd’hui en Colombie-Britannique (2024). 

Avant la gestion de l’offre : incertitude et instabilité 

Avant la mise en place de la gestion de l’offre, l’approvisionnement en œufs était irrégulier. Les producteurs vivaient en permanence dans l’incertitude, ne sachant jamais s’ils gagneraient suffisamment pour poursuivre leur exploitation le lendemain. Cette situation compromettait leur capacité à assurer un approvisionnement régulier destiné à nourrir la population canadienne.  

La famille d’Harold a démarré ses activités agricoles en arrivant au Canada, avec une exploitation spécialisée dans les poules pondeuses pendant des dizaines d’années. Dans sa jeunesse, et plus particulièrement dans les années 1960, Harold se souvient très clairement des défis importants que ses parents ont dû relever. « C’était une question de survie. Il fallait maintenir la ferme en activité », explique-t-il. 

« À l’époque, les prix fluctuaient beaucoup : certaines années, on s’en sortait très bien et l’année suivante, on perdait tout ce qu’on avait gagné », se souvient Harold. Les producteurs d’œufs vendaient directement leurs produits aux grossistes et étaient entièrement à la merci du prix offert, que l’on appelle communément le « prix au comptant ».  

Hier et aujourd’hui : À gauche, on peut voir la productrice d’œufs canadienne Muriel à la ferme de la famille Newcombe, en Nouvelle-Écosse, dans les années 1960. À droite, les productrices d’œufs canadiennes Cathy et Krista à B Jack Farms en Colombie-Britannique en 2024.

La période chaotique des années 1960 s’est transformée en crise nationale. Pour le Conseil des produits agricoles du Canada, les années 1960 et le début des années 1970 ont été une période de « chaos pour les marchés de la volaille et des œufs1». Le statu quo ne profitait à personne. L’heure du changement avait sonné. 

Le père d’Harold faisait partie du groupe qui a entrepris la tâche colossale de plaider en faveur d’un meilleur système. Ce processus n’a pas été facile, mais s’est avéré essentiel et a transformé l’industrie pour toujours. « Mon père s’absentait souvent pour participer à des réunions et tenter de mettre en place le système de gestion de l’offre », se souvient-il. Je me souviens que mon père restait éveillé jusque tard dans la nuit, à analyser les chiffres. » 

Après la gestion de l’offre : stabilité  

En vue de stabiliser le secteur ovocole canadien, le gouvernement fédéral a déposé un projet de loi visant à mettre en place un système national de gestion de la production d’œufs. Ce projet de loi est officiellement entré en vigueur le 12 janvier 1972, en vertu de la Loi sur les offices des produits agricoles2. Cette loi a instauré la gestion de l’offre pour les œufs, et a doté le secteur ovocole des outils nécessaires pour consolider la production d’œufs et assurer aux Canadiens un approvisionnement régulier en œufs produits localement.  

« Notre rôle en tant que producteurs est de produire des aliments, mais nous avons également à cœur le système dans son ensemble. L’objectif est de fournir aux Canadiens des produits sûrs et nutritifs et de s’assurer que toute la structure sur laquelle ils reposent est solide. » – Harold Froese, producteur d’œufs manitobain de troisième génération 

Grâce à la gestion de l’offre et à la coopéation au sein du secteur ovocole, les Canadiens bénéficient aujourd’hui d’un approvisionnement régulier en œufs de haute qualité, et les producteurs reçoivent un juste revenu pour leurs produits. Ce haut niveau de stabilité contribue à assurer la fiabilité des chaînes d’approvisionnement et la résilience des exploitations agricoles qui les composent, tout en répondant à la demande des consommateurs en matière d’œufs produits au Canada.  

C’est aujourd’hui une grande fierté pour Harold de faire partie d’un système qui profite à tous les Canadiens. « Au Canada, nous agissons comme une collectivité… C’est un système qui fonctionne pour tout le monde », explique-t-il. Je suis fier de tout ce que nous avons accompli. »  

Apprenez-en plus sur l’histoire de la gestion de l’offre en lisant notre entretien avec la chercheuse en politique publique, Jodey Nurse. 


1 Conseil des produits agricoles du Canada. (13 octobre 2023). Notre histoire. Historique – Canada.ca

2 Conseil des produits agricoles du Canada. (13 octobre 2023). Notre histoire. Historique – Canada.ca